Nous voilà reparties sur la route des hackers arabes, direction la Tunisie, et plus précisément le Forum social mondial de Tunis, qui se tient cette semaine sur le campus universitaire El Manar et dans la ville. J’avais déjà fait une brève rencontre en octobre avec un des membres de la communauté, Aymen aka Eon, complétée par des entretiens à distance, de quoi défricher.
L’état d’esprit général était plutôt au désenchantement et à la démotivation des troupes, après l’élan révolutionnaire qui avait vu naître de nombreuses initiatives : hackerspace.tn, d’abord sous la houlette de Chemseddine Ben Jemaa aka Kangoulya qui est depuis parti en France ; le Chaos Computer Club tunisien, du nom de son célèbre et puissant homologue allemand ; OpenGov.tn, et OpenTunisia, des plates-formes qui s’inscrivent dans la lignée des projets de gouvernance ouverte et transparente ; TelecomixTN, inspiré de Telecomix, qui défend la liberté d’expression ; le Parti Pirate tunisien, affilié à ses homologues européens ; le Parti 2.0 de Aymen, un projet qui a permis à ce dernier de bénéficier d’une bourse en Suède, il est parti cet automne. Face à cette dispersion, un recentrage a été opéré sur le hackerspace, avec la création d’une structure mixte lucratif/non lucratif, Hackerscop.
La communauté semblait piétiner à l’image du pays, toujours privé de Constitution, en proie à un contexte économique difficile et un regain de tension après l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahda en octobre 2011.
Contexte dégradé
Lors de ce FSM, nous allons bien sûr faire le point avec les membres de la communauté, dans un contexte qui s’est encore dégradé. L’assassinat en février de Chokri Belaïd, un des leaders de l’opposition de gauche, a très vite viré à la grave crise politique. Le Premier ministre Hamadi Jebali a proposé de constituer un nouveau gouvernement de technocrates pour mener à bout la Constitution, en vain. Il a du coup démissionné, remplacé par l’islamiste Ali Larayedh, qui a promis Constitution, redressement économique et sécurité. Des annonces qui n’ont pas calmé complètement la colère des Tunisiens, qui continuent de manifester. L’un deux s’est même donné la mort par immolation, comme un écho dramatique au geste du jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid qui avait déclenché le domino de la révolution en 2011.
Tendance montante
Ce séjour sera d’autant plus riche (et cernogène) que ce FSM marque la rencontre et la collaboration physique entre hackers et altermondialistes. Le hacklab, une belle tente de 100m2, agglutinera les initiatives sur ce thème. Le mélange des deux sphères semblent une tendance montante, comme en témoigne par exemple le mouvement Occupy. Nous interrogerons les liens entre les deux communautés, leurs espérances et projets communs, et les limites auxquelles elles se heurtent.
Nous nous intéresserons plus particulièrement à des Français qui montent avec leurs amis tunisiens un hackerspace temporaire. Dans l’équipe, on trouve les Petits débrouillards, une association d’éducation populaire aux sciences, des membres de la communauté hacker/maker française – Usinette, labfab à Rennes, PiNG à Nantes, Labomedia à Orléans, Tetalab/Snootlab à Toulouse – et tunisienne avec hackerspace.tn.
Voici un extrait de leur note d’intention :
« Le web occupe une place essentielle dans ces nouveaux mouvements, comme outil de mobilisation mais aussi et surtout comme espace d’invention de nouvelles formes d’activisme parfois regroupées sous le terme « hacktivisme ». Les hackers, bidouilleurs, et autres « faiseurs » de l’électronique et du logiciel libre multiplient par ailleurs les alternatives concrètes, les lieux d’échange et de production collective et les espaces de co-construction et de diffusion des savoirs et des compétences.
L’initiative Hackerspace.tmp vise à rassembler les Tunisiens, Français et tous ceux qui font cette révolution numérique, afin de faciliter la montée en puissance de ces questions auprès du public, de permettre des échanges entre bidouilleurs du nord et du sud, et de favoriser des rencontres entre militants du numérique et activistes du monde associatif et des mouvements sociaux en général. L’espace Hackerspace.tmp est conçu comme 1) un lieu d’échanges de pratiques, d’activités ouvertes à tous (open ateliers web, électronique …) et 2) un espace de discussion autour des enjeux (hacktivisme et nouvelles formes de mobilisation, la libre production et circulation des savoirs, biens communs et propriété intellectuelle, etc …). «
Une table ronde sur la propriété intellectuelle et les biens communs a aussi été organisée hier, lors du Forum mondial sciences et démocratie, organisé de samedi à aujourd’hui sur le même site.

Des passants prenant en photo un véhicule incendié lors de la révolution égyptienne. Flickr CC by nc Mohamed El Dahshan
Enfin, nous irons aussi voir du côté du 3ème Forum mondial des médias libres, qui propose des tables rondes alléchantes, comme « Les expériences des nouveaux activismes pour diffuser l´information et la répression sur les hackers et développeurs ».
Pour mémoire, la libre circulation de l’information est un des piliers de l’éthique hacker, qu’elle concerne des chats ou des vidéos d’exaction. Lors des révolutions arabes, on a vu le rôle actif joué par des hackers pour lutter contre la censure, par exemple lorsque Moubarak a coupé l’Internet en Égypte.
Bref, un beau programme nous attend, on vous tient au courant et en attendant, n’oubliez pas de soutenir notre collecte sur Kiss Kiss Bank Bank qui a encore bien besoin de vous : J – 11 et il nous reste la moitié de la somme à récolter !
Faites une bonne « Tunisshake » pour tout le monde, streetdance with joy et joie, avec camion musique, la bonne musique a danse comme demonstration pour democratie, anti-violente. Une bonne reaction sur ce qui c´est passé avec le Harlem Shake et aussi une manière de gagner les sympathies pour la danse dans la rue. Pas con comme le Harlem Shake mais avec d´amour et joie comme au Brazil et dans le Caraibe. Pourquoi pas. Ca mobilize, ca donne motivation, c´est bon pour femme et hommes, et ca fait sortir des pensées plus créative si le corps et le coeur bougent ensemble. Dansedemo pour la Democratie, Lenvironment, la Paix, La Femme: TunisShake, ArabShake, WorldShake. Il faut organiser um camion, une annonce… et voila on danse apres-demain tous. Hartlieb